Et paf sur le pied ! [Gabriel]

Mercredi 15:00 pour Angel c’était un après-midi libre, mais un après-midi studieux. Ben oui quand même, Waverly n’était pas qu’un podium pour les starlettes de l’école qui déambulaient dans leurs plus beaux vêtements des plus grands créateurs, c’était aussi à la base une école, et dans une école généralement le but du truc c’était d’apprendre ! Donc du coup, Angel devait bien passer de temps en temps un peu de temps à la bibliothèque, parce qu’Internet c’était bien jolie, mais elle ne lui faisait pas trop confiance lorsqu’il s’agissait de ses cours de droit. Il fallait dire que le droit était sa branche préférée, ce qui était assez logique lorsque l’on voulait devenir avocate quand on serait grande. Angel avait un papa qui était lui-même avocat dans le droit des médias, un domaine qui avait toujours fasciné Angel, et qui la fascinait d’autant plus à présent qu’elle pouvait étudier cette branche. Donc aujourd’hui miss Von Witch avait des recherches à faire à propos de son cours, et comme à chaque fois qu’elle avait quelque chose à faire pour son cours de droit, elle allait se donner à fond ! Alors elle était arrivée à la bibliothèque il y avait déjà plus d’une heure à présent. Elle s’était plongée déjà dans quelque 5 livres différents, avait fait une montagne de photocopies et prit des tonnes de notes.
Pour une fois Angel ne portait pas une robe, elle avait plutôt opté pour une jupe juste au-dessus du genou en jeans et d’un débardeur blanc tout simple. Vous rendez-vous compte du miracle que cela était ?! De un la jupe qu’elle portait n’était d’aucune grande marque connue et de deux son débardeur était généralement le genre de vêtement qu’elle mettait lorsqu’elle allait à ses cours de tennis ! Mais il faut dire que pour une fois Angel n’avait aucune envie de se pomponner, elle avait envie de bosser ! Elle voulait vraiment arriver à ses fins et était prête à tout pour cela. Bref, Angel déambulait entre les différents rayons avec un bouquin dans les bras, un crayon dans la bouche, l’air totalement ailleurs. Elle rangea son gros livre là où elle l’avait trouvé peu de temps avant, et se mit à la recherche d’un nouvel ouvrage. Entortillant sa queue de cheval entre ses doigts et la tête penchée sur le coté, miss Von Witch lisait les différents titres des livres. Elle trouva enfin son bonheur et le retira du rayon. Toujours dans les nuages en train de réfléchir sûrement à ce qu’elle allait chercher précisément dans cet immense bouquin qui pesait trois tonnes, elle mâchouillait toujours son crayon.

« Et m*rde !!!!! »

Dans un bruit sourd le livre d’Angel s’écrasa sur le pied d’un bel inconnu. Tellement perdue dans ses pensées, Angel ne l’avait même pas remarqué et lui était tout naturellement rentré dedans. D’un coté elle se sentit très gênée d’avoir laissé son livre lui échapper des mains et d’un autre elle était bien contente que cette espèce de brique ne lui soit pas tombée sur son pied à elle ! Légèrement égoïste comme pensée, mais tant qu’elle pouvait éviter d’avoir très mal, elle était bien contente. Surtout que les ballerines qu’elle portait n’auraient certainement pas amorti le choc.

« Je suis vraiment désolée ! »

Vraiment confuse, Angel ne trouva pas vraiment d’autre truc à dire. Il faut dire que dans ce genre de situation commencer à parler de la pluie et du beau temps n’était pas vraiment ce qu’il y avait de mieux à faire, et surtout de plus logique... Une chose était sûre Angel espérait de tout son petit cœur que le jeune homme en face d’elle ne commence pas à l’insulter ou à lui crier dessus. Parce que là vraiment, elle se sentait déjà assez mal, de un elle se foutait la honte et de deux ben elle avait « agressé » le pauvre garçon qui n’avait rien demandé à personne...

[***]Quels sont les éléments qui caractérisent la bibliothèque de Waverly selon certains internes ? Son ambiance lugubre, ses étagères poussiéreuses, ses murs tachés par plusieurs dizaines d’années de fréquentation d’étudiants, ses bibliothécaires sinistres, ses habitués plongés dans des bouquins, jaunis par le temps, ignorant tout de la vie sociale en ces locaux ; en quelques mots, un véritable lieu de convivialité ! C’est pourquoi voir Gabriel Van Der Beken avoir poussé la lourde porte donnant accès à ce tout autre monde -en totale opposition à tout Los Angeles, ville festive et rayonnante de jovialité- un monde où silence, frustration et ennui étaient rois, semblait incontestablement inouï, pour ne pas dire que cet évènement relevait du miracle. Pourtant, ce n’est pas défaut d’avoir longtemps été convié par ses professeurs d’y faire les quelques recherches hebdomadaires demandées. En effet, à en croire tous les professeurs de l’établissement, Gabriel se verrait prié de passer les trois quart de son temps libre, déjà assez restreint, à continuer à rester cloitré ici, entre les quatre murs de Waverly, les yeux rivés sur des livres aussi soporifiques, voire davantage, que les cours qu’il peinait déjà à suivre. Quoi qu’il en soit, il ne pouvait le nier, il s’agissait de la première fois que le suédois pénétrait dans cet endroit … et plus il s’éloignait de la sortie la plus proche, plus il se demandait le pourquoi du comment il était arrivé ici, à errer entre littérature anglophone et littérature philosophique.

À vrai dire, ce n’est pas le fait d’étudier dans un lieu où la densité de fervents étudiants pouvait faire concurrence à quelconque principauté méditerranéenne qui l’effrayait le plus. C’était beaucoup plus simple : Gabriel avait un certain mépris envers les bibliothèques. Lorsqu’il était plus jeune, ce dédain entraînait éventuellement une telle panique que l’on aurait pu qualifier de phobie son ressentiment envers ce type de lieu. Mais, il semble alors nécessaire de narrer les évènements antérieurs à cette situation. En effet, dès leur plus jeune âge, Ariel, la mère de Gabriel, avait l’habitude d’emmener ses deux enfants à la bibliothèque municipale de leur village. Cet endroit n’était pas bien grand, mais il suffisait à émerveiller les deux bambins qui avaient toujours la même lueur dans les yeux lorsqu’ils passaient la porte de la caverne aux livres, chaque mercredi, comme ils en avaient l’habitude. Même avec l’âge, cette habitude ne s’affaissait pas, si bien que, entraînés par une grande soif de découvrir, Gabriel et Tabitha Van Der Beken se rendaient eux-mêmes au lieu de toutes leurs convoitises. Pourtant, cette belle époque n’allait pas durer : un des livres préférés de Gabriel allait réduire à néant toutes ces semaines passées à dévorer des yeux toutes ces pages remplies d’images. Alors qu’il n’était âgé que de sept ans, le jeune homme emprunta un livre qu’il n’était pas prêt d’oublier, le livre officiel du célèbre dessin-animé de Disney, Blanche-Neige et les Sept Nains. Or, comme tout petit garçon de cet âge normalement constitué, l’ordre n’était une de ses qualités … C’est ainsi que ce fameux livre s’égara malencontreusement, ce qui engendra, par la même occasion, chez la bibliothécaire, un air de révolte contre le petit délinquant que Gabriel était en train de devenir. Et c’est de cette manière qu’elle s’autorisa à déchirer la carte de membre du pauvre petit garçon. Et c’est donc depuis ce temps que Gabriel et les bibliothèques s’évitèrent.

Mais par un caprice du destin, associé à la malchance du pauvre jeune suédois, que ce dernier se retrouva impuissant devant des millions de pages et quelques dizaines de jeunes adultes qui les convoitaient. Horriblement surpris les premières secondes, il jugea bon de ne laisser paraître aucune émotion, pour se fondre dans la masse et se faire discret. Il se rendit vite compte qu’un Levi’s troué à de multiples endroits et un T-shirt écarlate ne représentaient pas la meilleure combine pour devenir indiscernable parmi cette troupe d’étudiants studieux. Aux premiers abords, les locaux ne le répugnaient pas autant qu’il s’y attendait, par contre, il y avait bien un détail qui l’amusait : les bûcheurs qui exhibaient leurs connaissances en nombre de bouquins ouverts à leur table. Puis, petit-à-petit, il se mit à reconnaître quelques têtes connues, dont il ne soupçonnait absolument pas la présence ici. Et il ne lui fallut qu’à peine trois minutes pour enfin devenir conscient que les aprioris portés sur cette bibliothèque se révélaient être totalement erronés. De là à renouer une grande complicité entre ces livres et Gabriel, il n’y aurait qu’un pas. Un pas de trop …

Le suédois était tellement plongé dans ses pensées, dans ses lointains souvenirs qu’il avançait à grands pas dans la bibliothèque sans vraiment regarder où il se dirigeait. Alors que jusqu’à présent il démontrait une habileté exemplaire pour éviter toute collision, un choc frontal le surprit soudainement. D’ailleurs, ce choc n’aurait pas suffi à le sortir de ses lointaines pensées s’il n’avait pas été suivi par une chute, assez brutale, d’un bon millier de pages directement sur le pied gauche du jeune homme. Et bien entendu, Gabriel poussa un petit cri, doublement surpris : non seulement par la douleur mais aussi par son agresseur. En effet, il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas rencontré une aussi belle créature. Relations Sociales, 1 – Discrétion, 0.

D’un air naturel, tout en essayant d’oublier quelques instants la douleur, Gabriel s’empressa de ramasser le projectile, et dans un élan de gentillesse, le tendit calmement, doucement, minutieusement à son expéditeur. Devant une jeune et jolie fille comme celle qui avait la chance de pouvoir admirer, le beau brun perdait tous ses moyens ; il était incapable de prononcer le moindre outrage, quelles que soient les raisons pour lesquelles il aurait eu envie de le faire. Face à ce genre de situation, la seule arme qu’il pouvait utiliser était sa petite touche d’humeur personnelle.

« La prochaine fois, préviens-moi ! J’investirai dans des Rangers … »

Tenant le crayon qu’elle avait mâchouillé jusqu’au moment où le livre était tombé, et qu’elle avait pris avant de parler – ben oui vous avez déjà essayé de parler avec un crayon dans la bouche ? – elle fit un petit sourire gêné au jeune homme qui lui tendait son livre. Elle le reprit et replaça ensuite une mèche de ses longs cheveux bruns derrière son oreille, si ce n’est que tous ses cheveux étaient soigneusement attachés, et que du coup elle avait fait ce geste dans le vide... Mmmh pour avoir l’air futée c’était pas le top, et pour éviter de montrer qu’on était gênée, c’était pas non plus trop ça. Mais bon, Angel espérait juste que son interlocuteur n’avait rien remarqué de ce geste inutile et légèrement... bizarre.
La remarque de Gabriel fit sourire Angel, qui laissa échapper un petit rire cristallin amusé. Les dents de miss Von Witch étaient blanches et parfaitement alignées, et ce grâce aux quelques années où elle avait dû porter un appareil dentaire toutes les nuits, mais ceci n’était qu’un détail de sa vie qu’Angel préférait ignorer. Il était toujours plus flatteur pour elle de raconter qu’elle était née avec une dentition parfaite. Mais revenons plutôt à Gabriel.

« Compte sur moi, je te préviendrai assez à l’avance la prochaine fois pour que tu aies le temps de t’en fournir une paire ! »

Toujours souriante, pour Angel ce sourire s’était sa manière à elle de se faire pardonner. Ben oui avec un sourire aussi craquant que le sien, on pouvait se faire tout pardonner, même le fait de se prendre pour la reine du monde ! Bien sûr, elle n’utilisait pas le sourire qu’elle servait à ses parents, celui qui lui permettait d’obtenir tout ce qu’elle désirait. Celui-ci était un peu plus charmeur, mais Angel n’était pas en train de draguer Gabriel, loin de là. Elle n’était pas du genre à sauter sur un garçon comme ça, alors qu’elle ignorait son prénom. Angel avait beau aimer s’amuser avec les mecs, elle choisissait bien ses jouets pour qu’elle puisse avoir une totale emprise sur eux. Dans une relation Von Witch était la manipulatrice et non la manipulée. Elle avait déjà assez servi de jouet pour les garçons, s’était à présent à son tour de jouer. Mais ce petit coté garce, Angel ne l’affichait pas, elle arrivait toujours à le dissimuler, Tom Fulton en était la preuve vivante.

« Et ton pied ça va ? J’espère que je t’ai pas trop fait mal. Habituellement, j’agresse pas les gens comme ça, mais il faut croire que tu es un privilégié ! »

Un peu d’humour ça ne pouvait pas faire de mal de temps en temps - même s’il était pourri - et puis c’était aussi un bon moyen de poursuivre cette conversation. Car il ne fallait pas oublier qu’Angel était une personne qui adorait être entourée, et la moindre occasion de se faire de nouveaux amis était bonne à prendre. Et puis, pouvoir discuter ça lui permettait de pouvoir faire un break dans son étude intensive sur les lois. Elle jeta un rapide coup d’œil à sa montre Rado rose sertie de diamants, elle n’avait pas vu le temps passer jusqu’à présent ! Puis elle reprit correctement son gros bouquin, qui avait tendance à glisser entre ses bras à cause de son poids, pour éviter qu’il ne retrouve une nouvelle fois parterre. Ca aurait été très con qu’il lui échappe une nouvelle fois des mains hum.

« Au fait, moi c’est Angel Von Witch ! Et tu es ?... »

Angel semblait déjà plus à l’aise, la gêne s’étant envolée doucement envolée. Toujours aussi souriante, à ce moment elle portait vraiment bien son prénom, elle ressemblait à un vrai petit Ange. Mais comme disait l’autre, il ne faut jamais se fier aux apparences... Quoique pour le moment Angel n’avait aucune idée derrière la tête, aucune intention de se servir de Gabriel pour quoi que ce soit. Ben oui, n’oublions quand même pas que miss Von Witch était une fille loin d’être Mère Theresa, si besoin était elle était prête à se servir des autres sans scrupules pour atteindre ses objectifs...

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