Qui a dit que les casiers ne servent qu'à ranger ses affaires?

Spencer sortait de son cours de français et n'était vraiment pas d'humeur à ce prendre la tête. Son professeur l'avait humilié devant une bonne trentaine d'élève et ça elle le savait, il allait le lui payer. Personne ne pouvait se comporter comme ça avec elle.
Elle venait d'arriver devant son casier, mais n'eut pas le reflex de vouloir l'ouvrir: elle resta là devant sans trop savoir quoi faire. Spencer le savait elle paraissait vraiment nul comme ça mais franchement l'événement de ce matin l'avait retourné comme si on lui avait retiré sa carte de crédit.

*Si seulement je pouvais me jeter au sol et ne jamais me relever*

Son sac était par terre pourtant elle ne se souvenait pas vraiment l'avoir mis au sol. Elle poussa un juron et se baissa difficilement comme si elle avait tout le poids du monde sur le dos. En regardant son sac elle se demanda ce qui lui avait pris de l'acheter ou plutôt de le mettre aujourd'hui: il n'allait pas avec sa tenu et ça la rendait folle, elle qui était d'ordinaire si soigneuse avec son look.
En se tournant vers son casier elle se rendit compte qu'elle avait oublié son mot de passe. Elle essaya sa date de naissance.. Mais rien ne fonctionnait.

«Et merde»

La vie facile était partie loin de Spencer on dirait

Bryce, elle aussi, sortait de cours. Des cours bien ennuyeux. Des maths. Rha les maths, quelle hantise pour la jeune fille! Elle qui préférait de loin les langues, qui servaient vraiment dans le quotidien, surtout pour elle, qui pouvait se permettre financièrement de voyager à travers le monde ... les maths, servaient à quoi ? A se sentir intelligent ? Est-ce qu'il était déja arrivé à quelqu'un de se dire que savoir tel ou tel théorème lui avait sauvé la vie ? Un examen peut-être, mais rien de plus... Bref, Bryce en avait mangé, des théorèmes et des calculs, ce matin. En plus, comme elle venait seulement d'arriver au pensionnat, elle s'était retrouvée aux places les moins fréquentées par la classe : le premier rang, bien sur. Elle haïssait les premiers rangs. Stratégiquement, ils étaient mieux que les derniers, car les profs guettaient plus le fond d'une salle de classe par réflexe. Mais les inconvénients des premiers rangs étaient aussi nombreux, et dans ceux là elle en avait découvert un, et non pas moindre, ce matin-là avec le prof : les postillons. Oui, le prof s'énervait tellement tout seul avec ses racines carrées qu'il en oubliait sa bonne tenue et laissait s'échapper des petits bouts de salives plus que ragoutants à chaque fin de phrase ... Bryce avait fini par enlever ses feuilles et à mettre une vieille pochette en plastique sur sa table. De toute façon, qu'elle prenne des notes ou pas, ses résultats en maths restaient les mêmes, elle avait testé ...

Bref, l'étudiante avançait dans les couloirs, l'air endormi par ses heures de mathématiques endurées; et une petite touche d'air dégouté par les souvenirs plus que mauvais des rejets de la bouche du vieux prof... SOn sac en bandoulière, la jeune fille venait de stationner devant son casier. Ca ne faisait pas longtemps qu'elle était dans ce pensionnat, elle ne se souvenait pas du code. Mais elle avait des cahiers à récupérer pour réviser un minimum pendantla fin de la journée ... Il n'y avait qu'à elle que ce genre de choses pouvait arriver! Après un cours pareil, franchement, c'était bien la cerise sur le gateau de devoir retrouver un code qu'elle n'avait dû utiliser qu'une ou deux fois dans sa vie alors que toutes ses notes ou presques étaient dedans! Quel foutu pensionnat américain! Au moins, à Londres, c'était simple, elle n'avait pas à chercher son code une heure, il n'y avait pas de casier, sauf sur demande... et puis, elle avait toujours eu le même code là-bas, et là elle avait du en changer, et maintenant elle était plantée là, avec un air décalé et perdu, le regard fixé sur son casier, droit devant elle, la main posée sur le cadenas, espérant que personne ne remarquerait son air perdu ...

Elle soupira un grand coup et enleva sa main du cadenas pour prendre son portable. Mais oui, c'était bien beau de prendre son portable, mais quoi en faire ? Qui pouvait connaitre son code ici ? Personne, elle ne connaissait pas suffisamment quelqu'un pour le lui confier, c'était le casd de le dire! Et pourtant elle avait déja du se faire repérer dans son nouvel établissement, entre sa venue au premier rang, son accent "so british" et sa façon de toujours être étourdie quand il ne fallait pas . Elle rangea son portable dans la poche de son pantalon. Qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir faire ?

Bryce tourna la tête vers la droite. Des étudiants parlaient, riaient en ouvrant leurs casiers, deux blondes s'engueulaient pour savoir qui avait piqué le mec de l'autre. Elle soupira en les regardant d'un air desespéré. Elle espérait bien qu'il existait des Américaines un peu moins superficielles et surtout moins excentriques et plus discrètes que ça à Los Angeles ... Puis elle tourna la tête à gauche. A côté d'elle, elle vit une jeune fille qu'elle avait déja du croiser entre deux cours depuis son arrivée ici. Elle aussi avait l'air paumé. Elle aussi semblait avoir oublié son code... peut-être que finalement, elle n'était pas si seule que ça dans sa poisse ?

"T'as perdu ton code aussi ?"

demanda-t-elle pour l'aborder.

D'habitude elle aimait parler aux gens, apprendre à connaitre de nouvelles personnes, mais depuis son arrivée, et d'ailleurs déja avant, elle avait appris à se méfier et donc à ne pas s'adresser à quelqu'un lorsqu'elle ne le connaissait pas. D'ailleurs elle avait toujours eu cette manie de guetter, apprendre à connaitre à distance quelqu'un avant de lui parler d'elle-même. Mais là, elle avait déja un point commun avec sa presque-voisine de casier, et ça, c'était déja presque comme la connaitre...

Spencer avait essayé voila 5fois peut-être plus son code. Plus elle essayait et plus les nerfs étaient tendus. Ce n'est que lorsqu'elle entendit une voix lui adresser la parole qu'elle s'arrêta. C'est vrai qu'au début elle n'avait pas vraiment capté l'événement, c'était tellement rare qu'on lui adresse la parole ces temps-ci qu'elle avait oublié ce qu'était avoir une vrai conversation, du genre "on me parle, je réponds". Elle tourna la tête en direction de la jeune femme qui s'adressait à elle: elle la trouvait vraiment très jolie (et oui le réflexe du '"je regarde de haut en bas en inspectant chaque détaille" persistait, on ne change pas du jour au lendemain haha), la fille portait le sac qu'elle avait repéré quelques jours plus tôt mais que, pour une raison qu'elle ignore, avait refusé d'acheter, en faite elle était un peu comme elle mais en différente. Oui c'est bizarre de dire ça mais c'est la sensation que Spencer avait eu en la voyant, sophistiquée, chic mais simple, tout comme elle l'était elle même. Cette pensée fit sourire Spencer mal grès elle.
Elle se décida enfin à ouvrir la bouche et répondre:

«Oui, j'ai perdu mon code, je suis perdue dans cette academy et puis je sais pas j'me sens vraiment nulle. Spencer avait dis ça très vite. Au fait moi c'est Spencer, Spencer Sullivan, l'élève la plus paumée que Waverly n'ai jamais connue »

C'est étrange, pour la première fois depuis qu'elle était arrivée, elle n'avait pas peur d'adresser la parole à quelqu'un d'autre.

«Et puis je suis pose que tu es comme moi, mais avec un autre nom?»

La question de Spencer était nulle elle en était consciente mais elle savait que sa presque nouvelle amie comprendrai.

Bryce avait eu un moment de doute avant que l'étudiante lui réponde. Elle n'aurait peut-être pas dû lui parler, après tout, elles ne se connaissaient pas, et peut-être qu'elle allait se foutre de la tronche de son accent anglais ? Mais elle fut rassurée de voir sa réaction. En fait, elle eût l'impression assez étrange qu'elles se comprenaient déja, toutes les deux. Pourtant, elels ne se ressemblaient pas, comme ça, à vu de nez. L'interlocutrice de Bryce semblait porter un interêt tout particulier aux marques chiques, du genre Chanel et autres et s'habiller avec beaucoup d'attention, alors que Bryce choisissait à moitié ses vêtements au pif, dans son armoire le matin, il fallait bien l'avouer, parce qu'elle mettait déja assez de temps pour se lever pour ne pas avoir à chercher une heure une tenue qui ferait bonne impression. mais il fallait également avouer que Bryce prêtait aussi grande attention à son style : pas question de paraitre trop "pute" ou autre. Non, elle, elle préférait les bonnes vieilles converses, les jeans, et autres T Shirts, tant que ça ne faisait trop négligé. Mais elles avaient toutes les deux une part en commun dans leur apparence, peut-être leur côté "je fais attention à ce que je porte sans en faire trop" ? En tout cas, ça plu à Bryce qui se sentit plus en confiance dès que la blonde lui adressa à son tour la parole, alors qu'elle semblait avoir été surprise de voir Bryce lui parler d'elle-même.

"Je viens d'arriver ici aussi, et je pense être paumée que toi ici, tu sais"

répondit Bryce avec un sourire amical dans son anglais bristish le plus parfait. Elle non plus ne pouvait pas perdre ses bonnes vieilles habitudes londonniennes, comme son accent.

Elle ne savait pas réellement pourquoi, mais elle avait un sentiment bizarre. Pour elle, cette fille avait l'air d'une gosse de riche caricaturale comme Bryce ne les appréciait pas vraiment, le genre qui avait bonne réputation en disant des saloperies sur tout le monde [désolée ^^], mais elle l'aimait bien, cette étudiante. Il lui semblait qu'elles avaient quelque chose en commun. Peut-être leur solitude et leur air paumé en cet instant précis. N'empêche que pour elle, c'était clair, elles allaient pouvoir être amies, et cela réchauffa immédiatement le coeur gelé de la troisième année. Et oui, ça y'est, elle avait une amie. De bonne qualité, elle l'espérait, mais bizarrement, encore une intuition peut-être, mais elle en était sure.

"Salut Spencer! Et moi c'est Bryce Bellamy, l'autre élève la plus paumée de ce pensionnat ..."

Elle regarda son cadenas, puis celui de sa nouvelle amie.Est-ce qu'elles allaient le retrouver, ce putain de code ? Bryce essayait d'espérer, de retrouver des chiffres qui pouvaient signifier quelque chose pour elle, n'importe quoi, mais rien ne lui vint à l'esprit, juste son code de Londres, celui qui avait changé depuis son déménagement, évidemment ... Au moins, elle se sentait moins seule. Moins seule à être aussi étourdie, moins seule à se sentir seule aussi ... Bien sur elle avait déja des amies en ses colocataires, mais en trouver une autre augmentait ses chances d'en trouver une bien parmis toutes ces nouvelles têtes... Oui, parce que Bryce se préparait toujours au pire, aux trahisons, même et surtout dès le début d'une relation...

" Tu crois qu'on retrouveras ces fichus codes ? Parce que j'ai pas la journée, perso ..."

ajouta-t-elle avec un sourire. Ouais, elles allaient pouvoir s'entendre, elle l'espérait de tout son coeur. De toute façon, elles n'avaient pas le choix, elles avaient quand-même des casiers voisins ...

C'est fou ça nan? Elle avait échangé deux ou trois mots avec Bryce, mais elle l'a tout de suite apprécié: Bryce avait l'air simple, pas trop trop simple non. Elle avait l'air de ces filles avec qui on pouvait s'amuser pour un rien, faire du shopping pendant des heures et des heures: Avoir la vie simple quoi.
Spencer se voyait vraiment bien en compagnie de Bryce sur la 5e avenue...

*Spencer houhou, réveil toi tu la connais depuis 10minutes à peine."*

L'imagination de spencer l'avait vraiment fait sourire, et puis en y repensant elle trouvait que ça serait cool de passer une vrai journée avec Bryce, elle ne la connaissait pas oui c'est vrai mais bon, autant voir si elle pourrait être des amies non? Et puis bon elle n'avait rien à perdre dans cette histoire..

«Hey Bryce! Ça te dis de faire un tour en ville genre? J'pense que ça serait cool qu'on se face une petite sortie ensemble, histoire de décompresser et d'apprendre à se connaître aussi non? et enfin bon à toi de voir hein.. Et puis de toute façon nos codes on les trouvera pas j'pense, c'est vraiment peine perdu..»

Spencer avait prononcé sa phrase si vite qu'elle se demandait si elle avait compris un traitre mot de ce qu'elle venait de lui demander. Oui je vous l'ai déjà dis: Mal grès son physique et tout le reste Spencer reste une fille incapable de dire une phrase à quelqu'un qu'elle vient de rencontrer sans être timide et nulle.
Mal grès elle son cœur battait vraiment vite, pourtant ce n'était qu'une simple invitation, mais elle espérait vraiment qu'elle accepte.

Bryce regarda à nouveau son casier, celui qui l'empêcherait peut-être un jour d'aller à un de ses cours à l'heure, mais aussi celui qui, d'une certaine manière, venait de faire se rencontrer de jeunes âme amicalement perdues. Bryce aimait déja son amie. Oui, il lui semblait qu'elle pouvait l'appeller comme ça. Pourquoi ? Elles ne se connaissaient pas. Bryce savait juste son nom, Spencer. Elles n'avaient peut-être pas réellement de points communs. Mais il y avait ce quelque chose, elles se ressemblaient toutes les deux en autre chose, quelque chose de moins commun que les gouts musicaux ou autres fringues. On aurait dit qu'elles avaient le même caractères. Toutes les deux étaient simples, dans le sens où elles n'étaient pas superficielles et restaient elles-mêmes. La preuve pour Spencer avait été qu'elle aussi avait du mal à parler correctement avec une fille qu'elle connaissait depuis seulement quelques minutes. Bryce se reconnut dans son attitude. Ouais, elles allaient s'entendre. Et quoi de mieux que de passer du temps avec une amie, pour partager, apprendre à se connaitre ? Spencer semblait être du style très "shopping". Bryce l'était aussi, peut-être pas pour les mêmes raisons, mais trainer en ville, apparamment, ça les connaissait toutes les deux aussi bien.

Oui, Bryce ne la connaissait pas, mais il y avait des jours où l'on avait envie de tout tenter, même l'impossible. Et ça, ça semblait être loin de représenter l'impossible. Se rapprocher d'une fille qui avait réussie à se classer parmi vos amis en quelques minutes, y'avait franchement plus flippant dans la vie, non ? Voilà pourquoi, lorsque Spencer proposa à Bryce une sortie, le visage de la jeune femme s'illumina.

"Oui c'est une bonne idée! Je viens d'arriver et j'ai pas encore beaucoup de potes pour pouvoir oublier ce maudit pensionnat ... et ces maudits cadenas..."

Elle avait dit ça sur le ton de la plaisanterie. Elle ne lui dirait pas qu'elle se sentait déja à l'aise avec elle, parce qu'elle avait peur de trop la flatter, et l'exprience lui avait appris qu'il ne fallait pas jeter des fleurs à quelqu'un qu'on ne connaissait pas. Elle lui disait simplement les faits, de toute façon, elle non plus ne semblait pas crouler sous les amis en ce moment même. Un fait qui rassurait Bryce, au fond, encore un point commun qu'elles avaient peut-être, mais elle ne se fiait pas aux apparences. Elle ésperait sincèrement un jour pouvoir être à l'aise ici comme elle pouvait l'être à Londres, avec des amis un peu partout, et pas seulement de vagues connaissances qui lui diraient bonjour ou bonsoir tous les deux jours, ou lui demanderaient une copie à un devoir surprise. Elle avait déja ses colocs, bien sur, avec qui elle s'entendait vraiment bien-heureusement d'ailleurs- et son frère, celui qu'elle découvrait seulement à cause de sa connerie. Mais elle ne voulait pas se limietr à ces quelques relations. Elle voulait des amitiés, autant que possibles, et solides, avec des gens qui lui ressemblaient plus que pour le portefeuille. Et Spencer semblait une candidate idéale, c'est pourquoi elle l'accueillait les bras ouverts. Passer un moment avec elle, qu'est-ce qui aurait plus faire plaisir à Bryce en cet instant précis ? Pas grand chose, à vraie dire ... Elle avait envie de lui parler, de se confier, de l'écouter, de papoter, bref, de redevenir une fille comme une autre, sans pour autant devenir comme toutes les ragoteuses de ce pensionnat ...

Elle se résigna et mit d'un geste assuré son sac sur son épaule. Elles allaient aller en ville toutes les deux, en amies. Parler, se connaitre, faire les connes, faire les boutiques ... Et ça, Bryce, ça la rendait spécialement heureuse ...

" On est parties !..."